Qui a brûlé Moscou ?
Après la mêlée sanglante de la Moskowa, le 7 septembre 1812. Koutouzov, qui avait mission de défendre Moscou contre la Grande Armée de Napoléon, put se replier en bon ordre. Il avait cependant perdu soixante mille hommes sur cent quarante mille et ne pouvait plus livrer bataille pour défendre la ville, dont Napoléon s’empara.
Le gouverneur russe Rostopchine, le père de la comtesse de Ségur, n’avait pas davantage les moyens de s’opposer à l’entrée des Français. Ancien aide de camp du tsar Paul Ier, il avait été hostile à la politique d’Alexandre de rapprochement et d’alliance avec Napoléon. Aussi avait- il connu la disgrâce jusqu’en 1810, quand le vent tourna, à Moscou, en faveur de l’Angleterre. Rostopchine n’avait pas de cadeau à faire aux Français. Il organisa l’évacuation de la ville, et veilla particulièrement à ce que les Français ne puissent disposer d’aucun stock d’armes, de matériel ou de vivres. On accusa Rostopchine d’avoir organisé l’incendie de Moscou. Il s’en défendit vivement, écrivant même un livre, en 1823, pour se disculper. En réalité, Napoléon campa dans Moscou du 14 septembre au 19 octobre, plus d’un mois. Stoppé par l’hiver russe, il était convaincu que l’occupation de la ville sainte amènerait le tsar à faire la paix. De Moscou, il signa un décret célèbre, en date du 15 octobre, sur l’organisation de la Comédie-Française.
L’Empereur comptait-il séjourner longtemps encore dans la capitale, hésitant à poursuivre sa campagne dans l’hiver russe.
Le geste de l’incendiaire, qui reste inconnu, obligea les Français à la retraite. Il est très vraisemblable qu’il y eut non pas un seul homme, mais tout un groupe d’exécutants, allumant différents foyers d’incendie en plusieurs points de la capitale. Moscou brûla du 15 au 18, pendant trois jours, et c’est le 19 octobre que Napoléon décida la retraite, les pillards ayant détruit une partie des réserves de vivres de l’armée française.